Les précisions de la réforme du permis de conduire étaient attendues depuis novembre 2018. Depuis, le climat s’est tendu au sein du secteur des auto-écoles, craintives de la concurrence tarifaire de nouvelles plateformes en ligne. Près de quatre mois après, un premier rapport parlementaire sous la direction de la députée du Gard, Françoise Dumas (LREM), vient préciser les chantiers sur lesquels la réforme devrait se pencher. Au programme, sur le papier un permis moins cher et accessible dès 17 ans pour certains. Mais du rêve à la réalité, le chemin sera encore long.
Des conducteurs plus jeunes dès 17 ans dans la filière de la conduite accompagnée AAC.
Après un apprentissage de la conduite dès 15 ans possible depuis 2014, l’autonomie des jeunes de 17 ans pourrait-elle être accrue – surtout dans les zones rurales – grâce à la possibilité d’obtenir son permis dès cet âge-là ? Le rapport l’envisage, et compte bien exploiter le taux important (74,24 %) de réussite à l’examen chez les jeunes ayant réalisé l’apprentissage anticipé à la conduite (AAC). La condition d’obtention du permis à 17 ans serait ainsi d’avoir réalisé la conduite accompagnée. Par ailleurs, du fait d’une directive européenne, les jeunes ne pourraient circuler que sur le territoire national. Par la même occasion, la députée en charge du rapport commente qu’il « conviendrait d’expertiser si un tel permis pourrait être assorti de conditions limitatives ». Ces conditions seraient par exemple l’interdiction formelle de conduire de nuit, voire celle d’interdire la circulation avec plusieurs jeunes à bord de la voiture. Ce qui par exemple est le cas en Belgique.
Quant au conducteur novice, la mesure semblerait par ailleurs se montrer à son bénéfice, notamment sur le volet professionnel. Disposer du permis étant un atout pour prétendre à un emploi – voire une obligation – les jeunes pourraient ainsi éviter de passer à la fois le permis moto et auto. Selon Michel Goepp, président des Codes Rousseau, « malgré les années, le taux d’accidents mortels des jeunes en deux-roues ne baisse pas », avant d’ajouter, « Bien formés par la conduire accompagnée, autant qu’ils conduisent une voiture plus tôt ».
Quant au conducteur novice, la mesure semblerait par ailleurs se montrer à son bénéfice, notamment sur le volet professionnel. Disposer du permis étant un atout pour prétendre à un emploi – voire une obligation – les jeunes pourraient ainsi éviter de passer à la fois le permis moto et auto. Selon Michel Goepp, président des Codes Rousseau, « malgré les années, le taux d’accidents mortels des jeunes en deux-roues ne baisse pas », avant d’ajouter, « Bien formés par la conduire accompagnée, autant qu’ils conduisent une voiture plus tôt ».
Simulateur, temps d’attente et subventions… Un permis moins cher à quelle hauteur ?
Face à de nouveaux acteurs en ligne presque deux fois moins cher sur le papier, la réforme du permis de conduire est attendue tant par les élèves que par les auto-écoles traditionnelles. Finalement, le programme d’une « baisse drastique » se précise… et se tamise. La baisse de la TVA ne pourra être réalisée d’ici tôt, la faute à une directive européenne en guise d’explication.
Apprendre le Code de la route pendant le Service National Universel (SNU)
Dans un premier temps, l’État pourrait subventionner la formation du Code de la Route via la mise en place du SNU en juin prochain. Sur une durée de trois semaines obligatoires, les jeunes participants auraient droit à une prise en charge du coût de l’examen dans « les centres agréés » (l’apprentissage dans les lycées semble être écarté), et le coût de la formation (compris entre 150 et 250 euros) pourrait être subventionné à hauteur de 80 à 100 euros.
Facultatif, le SNU « volontaire de longue durée » compris entre 3 et 12 mois se chargerait quant à lui de la formation à la conduite. Même procédure : le coût de l’examen serait à la charge de l’État, et la formation en partie subventionnée. Reste à savoir qui va réellement dispenser cet enseignement du Code de la Route pendant le SNU ?
Facultatif, le SNU « volontaire de longue durée » compris entre 3 et 12 mois se chargerait quant à lui de la formation à la conduite. Même procédure : le coût de l’examen serait à la charge de l’État, et la formation en partie subventionnée. Reste à savoir qui va réellement dispenser cet enseignement du Code de la Route pendant le SNU ?
20 heures, mais 10 sur des simulateurs de conduite
Sur les 20 heures de leçons de conduite obligatoires, le rapport parlementaire a indiqué que les dix premières en véhicules d’auto-école pourraient être effectuées sur simulateur. En réalisant ces premiers tours de roue sur machine et virtuellement, les élèves payeraient ainsi un prix deux fois moins cher que la moyenne nationale affichée à 43 euros de l’heure.
Faciliter l’inscription à l’examen du permis
La troisième mesure pour baisser le coût du permis serait par le biais d’une optimisation du temps d’attente pour le passage de l’examen. Véritable fléau aujourd’hui, qui plus est un facteur de majoration du coût du permis, le rapport table sur la mise en place d’une plateforme nationale d’inscription à l’examen, qui permettrait de mieux répartir les demandes. En effet, certaines zones géographiques possèdent des temps d’attente rallongés, ce qui entraîne jusqu’à 200 euros supplémentaires par mois d’attente, en réservant de nouvelles leçons de conduite.
« Start-up Nation »
Au sein des auto-écoles, le rapport n’a pas éteint les craintes et colères d’une politique favorisant l’entrée des plateformes numériques sur le marché. Pour commencer, l’agrément départemental pour pouvoir créer une école de conduite pourrait être centralisé au niveau national. En d’autres termes, la justification d’un local pour l’ouverture d’une auto-école ne deviendrait plus nécessaire, à l’avantage des nouveaux acteurs rejoignant le mouvement d’ubérisation des services. En résulterait un rapport contenant « des mesurettes pour enfumer l’opinion », selon le principal syndicat d’auto-écoles, le CNPA – Éducation routière. Rappelons qu’avec des prix sur le papier deux fois moins élevés, ces agences en ligne d’apprentissage à la conduite possèdent également des taux de réussite bien moindres. Du fait de l’absence de suivi des élèves, la moyenne du nombre de leçons payées avant l’examen est plus importante.
Patience, il faudra attendre la fin du Grand Débat, le 15 mars, pour que le gouvernement se prononce plus précisément sur ce nouveau projet de réforme du permis de conduire. Une volonté politique récurrente depuis plus de 20 ans à chaque fois sans grand effet, sauf en matière d’effet d’annonce.
Patience, il faudra attendre la fin du Grand Débat, le 15 mars, pour que le gouvernement se prononce plus précisément sur ce nouveau projet de réforme du permis de conduire. Une volonté politique récurrente depuis plus de 20 ans à chaque fois sans grand effet, sauf en matière d’effet d’annonce.